Dominus dixit ad me
Cycle 1 – 2 et 3
Bien que le chant polyphonique (à plusieurs voix) existait probablement dans les sociétés primitives, le chant grégorien, né des pratiques cultuelles des religions monothéistes dans l’empire romain est un chant monodique (à une seule voix). Son histoire s’étend sur plusieurs siècles du moyen âge.
Il ne faut pas le confondre avec le plain-chant qui a les mêmes caractéristiques musicales mais qui comprend aussi bien le chant grégorien que les autres chants liturgiques de l’Occident.
Il a donc plusieurs sources et des influences multiples : chant ambroisien, chant gallican, Mozarabe ou encore vieux-romain.
La légende a longtemps attribué au pape Grégoire 1er, pape en 590, l’écriture de l’ensemble des chants nécessaire à la célébration des messes de l’année (le propre et l’ordinaire). Cependant, s’il a attiré l’attention sur l’intégration de certaines pièces dans la liturgie, il n’a élaboré, contrairement à d’autres théories, aucune liste de chants officielle. C’est pourtant de son nom que provient le terme de chant « Grégorien ». Ce sont les carolingiens (Pépin le Bref et surtout Charlemagne) qui lui ont attribué 150 ans plus tard, un rôle plus important, pour justifier la propagation dans l’empire d’un répertoire unique de chants (qui devait posséder la légitimité spirituelle -> Grégoire 1er, grand réformateur). A la fin du VIIIème siècle, Pépin le Bref puis Charlemagne ordonnent la copie d’antiphonaires (recueil de chants) qu’ils envoient partout dans l’empire. L’uniformisation des pratiques servait donc le pouvoir religieux, mais aussi le pouvoir politique.
On n’a que très peu de noms de compositeurs de chants grégoriens car l’humilité était de mise. Cette humilité et l’objectif de communion lors des offices religieux expliquent en partie l’aspect monodique du chant. En effet il était important que tous les chanteurs s’expriment « d’une seule voix », sans orgueil.
Le chant grégorien se transmettant à l’origine uniquement à l’oral (l’écriture neumatique, peu précise, ne se développera qu’au IXème siècle), il fallait qu’un des moines du chœur soit la « mémoire. » Le chantre commençait seul le chant pour en donner le ton et les premiers mots.
Le texte est en latin (puisque d’origine liturgique) et se chante a capella, c’est-à-dire sans accompagnement instrumental (a capella = à la chapelle).
Le chant grégorien est à l’origine de toute la musique occidentale, qu’elle soit religieuse ou profane. Son déclin est annoncé par l’arrivée des premiers organum et surtout, l’invention d’une notation musicale précise, basée sur la mesure.
Une écoute : Dominus dixit ad me
https://www.youtube.com/watch?v=HN8eDVvR5b8&list=PL1nL8HRRj6UMQCNG_pcd6ZAw9g6CJ8X5Y&index=11
Objectifs de connaissances :
Le chant grégorien est un chant religieux, monodique (une seule voix), sans accompagnement (a capella), en latin. Il est apparu au moyen âge et était chanté dans les monastères.
Compétences cycle 1 :
Parler d’un extrait musical et exprimer son ressenti ou sa compréhension en utilisant un vocabulaire adapté.
Compétences cycle 2 :
Exprimer sa sensibilité et exercer son esprit critique tout en respectant les gouts et les points de vue de chacun.
Connaitre et mettre en œuvre les conditions d’une écoute attentive et précise.
Compétences cycle 3 :
Développer sa sensibilité, son esprit critique et s’enrichir de la diversité des goûts personnels et des esthétiques.
Après une première écoute, on pose la question : « Qu’avez-vous envie de dire sur ce que vous venez d’entendre ? »
On note au tableau l’ensemble des remarques, on débat sur leur validité. L’enseignant prend soin de ne pas diriger les échanges. Il doit juste être l’animateur et le garant du bon fonctionnement de ceux-ci. Il invite à justifier les remarques, à argumenter une affirmation (cycle 3). Des contradictions peuvent apparaître, il est alors intéressant de les mettre en évidence.
Lors d’une deuxième écoute, on vérifie ce qui a été affirmé. Par exemple si un élève a remarqué qu’au début, il y a un chanteur seul puis un chœur, on peut demander à tous les élèves de lever le doigt quand ils entendent un chanteur seul.
Une nouvelle fois, les élèves s’expriment sur ce qu’ils viennent d’entendre. L’enseignant complète ou corrige ce qui est au tableau. Il favorise les échanges, relève les nouvelles contradictions, s’assure que la parole ne soit pas mobilisée par quelques-uns…
Peu à peu, des caractéristiques du chant grégorien apparaissent, on les note. D’autres écoutes permettront de les compléter.
Pour aller plus loin :
- Beaucoup de compositeurs contemporains se sont inspirés d’une manière ou d’une autre du chant grégorien.
En réaction aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid, l’Estonien Arvo Pärt compose le magnifique « Da Pacem Domine ».
https://www.youtube.com/watch?v=EPb8enRx0SY&list=RDEPb8enRx0SY&index=1
Pärt n’écrit pas ici un chant grégorien, mais comme dans le reste de son œuvre vocale, on peut en sentir toute l’influence.
- En 1873, le compositeur Giuseppe Verdi écrit un « Requiem » en mémoire de son ami le poète Alessandro Manzoni.
https://www.youtube.com/watch?v=ZcA-KuvHeVE
Au moyen âge, la messe de requiem (en l’honneur d’un défunt) faisait partie du Propre (liturgie liée à une date, à un événement, par opposition à l’Ordinaire). Le Dies Irae (jour de colère en latin) fait partie intégrante du Requiem.
- Bien qu’initialement écrit pour quatuor à cordes, l’adagio (1936) de Samuel Barber est rapidement transcrit par celui-ci (dès 1938) pour orchestre symphonique. En 1967, il y associe le texte de l’Agnus Dei.