La musique électronique, la musique concrète, la musique acousmatique

Cycle 1 – 2 et 3

Au lendemain de la révolution bolchévique, en 1919, Léon Thérémine présente son invention à Lénine. Il s’agit du premier instrument jamais fabriqué à partir de composants électroniques, et l’inventeur lui a donné son nom : le Thérémine. Le son est produit grâce à deux antennes, l’une permettant de contrôler la hauteur (grave – aigu) et l’autre l’intensité (piano – forte). En modulant la position de ses mains par rapport aux antennes, le musicien modifie le son produit. https://youtu.be/Xh_oWPtC-Kk

En France, Maurice Martenot présente son instrument au public en 1928. Les « ondes Martenot » utilisent elles aussi des composants électroniques, mais le dispositif est relié à un clavier qui permet une appropriation rapide de l’instrument par un pianiste. Il est aussi équipé d’un ruban permettant de jouer en glissando (en glissant d’une note à l’autre). https://www.youtube.com/watch?v=v0aflcF0-ys Il inspirera nombre de compositeurs comme Darius Milhaud, Edgar Varèse ou encore Olivier Messiaen.

A noter que ces deux instruments sont monodiques, c’est-à-dire qu’ils ne produisent qu’un son à la fois. Il faut attendre 1934 et l’arrivée de l’orgue Hammond pour voir apparaitre le premier instrument polyphonique fonctionnant grâce à l’électricité. Cet orgue, inventé aux USA, n’est pas à proprement parler un instrument électronique, mais plutôt électromagnétique… Il équipera un très grand nombre d’églises et sera très utilisé d’abord dans le Gospel ou encore le blues. Dans les années 50, il est utilisé dans le jazz puis, dans les années 60 et 70 dans beaucoup d’autres genres. https://youtu.be/oUWk0Tt0pHg

L’apparition du disque souple et surtout du magnétophone en 1939 comme supports d’enregistrement va permettre à l’ingénieur et compositeur français Pierre Schaeffer de travailler la matière sonore, depuis son enregistrement (grâce au micro) jusqu’à sa diffusion (par haut-parleurs) en lui appliquant différents traitements (découpes, étirement, effets…). C’est la musique concrète. Le compositeur travaille sur des enregistrements qui sont autant d’objets sonores qu’il va agencer pour en faire une composition. La première œuvre de musique concrète est « Cinq études de bruits » de Pierre Schaeffer, composée en 1948. Les objets sonores, sont en fait des empreintes, des traces qui, organisées et libérées d’une écoute « explicative », peuvent nous faire accéder à l’émotion, à la sensation, à la métaphore… C’est là tout le travail du compositeur. La musique concrète n’est pas de la musique électronique puisque dans celle-ci, les sons sont produits artificiellement et n’existent pas dans la nature. Cependant, un lien très fort va se tisser entre ces deux courants, des œuvres musicales utilisant simultanément les techniques inhérentes aux deux genres. C’est la musique acousmatique. Plus tard, des compositeurs écriront des pièces qui nécessiteront la présence de musiciens pour jouer en même temps que des bandes son préenregistrées : c’est de la musique mixte.

Robert Moog a révolutionné le monde de la musique électronique

Dans les années 60, la synthèse sonore se développe sous l’impulsion notamment des groupes de rock. Les progrès exponentiels dans le monde de l’électronique permettent de développer des instruments de plus en plus performants qui offrent de plus en plus de possibilités aux musiciens. Enfin l’émergence et la démocratisation des outils informatiques dans les années 80 vont offrir encore de nouvelles possibilités de synthèse sonore. Alors qu’une multitude de logiciels permettent actuellement d’émuler la plupart des synthétiseurs qui ont existés, d’autres logiciels ouvrent de nouveaux horizons.

L’émergence des home-studio permet désormais à tout un chacun de composer ses propres musiques en connectant des synthétiseurs hardware (matériels) ou software (logiciels).

Une écoute : Remembrance for Theremine et Orchestre de Carolina Eyck

https://www.youtube.com/watch?v=QQCcDh3QmGU

Objectifs de connaissances :

Les découvertes du début du 20ème siècle dans le domaine de l’électronique sont d’abord utilisées lors de la première guerre mondiale pour la communication. Au lendemain de celle-ci, des musiciens vont utiliser les possibilités de ces découvertes pour fabriquer de nouveaux instruments. Ainsi apparaissent le Thérémine ou les Ondes Martenot.

A la fin du 20ème siècle, les progrès de l’électronique et les applications qu’on en fait vont révolutionner le monde (Ordinateurs, Internet…) mais aussi le monde musical (apparition des synthétiseurs, Home-studios…).

Compétences cycle 1 :

Parler d’un extrait musical et exprimer son ressenti ou sa compréhension en utilisant un vocabulaire adapté.

Compétences cycle 2 :

Exprimer sa sensibilité et exercer son esprit critique tout en respectant les gouts et les points de vue de chacun.

Connaitre et mettre en œuvre les conditions d’une écoute attentive et précise.

Compétences cycle 3 :

Développer sa sensibilité, son esprit critique et s’enrichir de la diversité des goûts personnels et des esthétiques.

Cycle 1 : En salle de motricité, on demande aux élèves de s’allonger au sol et lorsque la musique commence, de se lever lentement, pas tous en même temps, et de marcher (toujours lentement) sans s’occuper des camarades. Ils s’arrêtent de temps en temps et « peignent le ciel » avec les mains, puis avec les pieds (debout ou allongés), puis avec le coude, la tête, le dos, le genou… en s’inspirant de la musique.

Une fois l’activité terminée, on invite les enfants à s’exprimer sur la musique qu’on a écoutée. Puis on la réécoute cette fois-ci sans bouger, juste pour le plaisir.

Cycle 2 et 3 : La première écoute se fait en visionnant la vidéo. On pose la question : « Que pouvez-vous dire sur ce que vous venez d’entendre et de voir ? »

On peut s’attendre à ce que les premières remarques s’attachent à décrire cet instrument « étrange ». L’enseignant invite à reproduire la gestuelle de la soliste : les deux mains sont utilisées, la gauche pour l’intensité, la droite pour la hauteur du son. On note au tableau l’ensemble des remarques, on débat sur leur validité. L’enseignant prend soin de ne pas diriger les échanges. Il doit juste être l’animateur et le garant du bon fonctionnement de ceux-ci. Il invite à justifier les remarques, à argumenter une affirmation (cycle 3). Des contradictions peuvent apparaître, il est alors intéressant de les mettre en évidence.

Certains élèves s’exprimeront sur ce qu’ils ont ressenti ou imaginer, d’autres parleront de l’aspect formel (il y a un instrument bizarre, un grand orchestre…)  On note l’ensemble des remarques au tableau.

Une deuxième écoute permet aux élèves d’affiner leurs remarques, de se corriger…

Une nouvelle fois, on note l’ensemble au tableau, on modifie

En cycle 2, on rédigera un petit texte récapitulatif sous forme de dictée à l’adulte.

En cycle 3, on peut demander aux élèves d’effectuer un classement de ces remarques dans un tableau à deux colonnes. D’un côté on indiquera ce qui est du domaine de l’objectif, de l’autre ce qui est subjectif (lié au ressenti).

L’enseignant complètera le tableau avec des éléments de connaissance (objectifs). Il indiquera le nom du compositeur.

On demandera enfin aux élèves de rédiger un texte reprenant l’ensemble des éléments objectifs et les éléments subjectifs avec lesquels ils sont d’accord.

Pour aller plus loin :

L’une des premières œuvres de musique électronique : Music of the Spheres de Johanna Beyer

https://www.youtube.com/watch?v=GpLbaJ8iwuA

Johanna Beyer est une compositrice allemande, la première femme à avoir écrit une œuvre musicale utilisant des instruments électroniques. Cette œuvre de 1938, étonnante de modernité, ne comporte que peu d’instruments. Elle débute par ce qui ressemble à des rugissements ponctués par un triangle puis se déroule sur un accelerando (accélération du tempo) jusqu’au milieu puis sur un ritardando (ralentissement du tempo) du milieu jusqu’à la fin.

Symphonie pour un homme seul de Pierre Henry et Pierre Schaeffer

https://www.youtube.com/watch?v=MOYNFu45khQ

Cette œuvre n’est pas la première œuvre de musique concrète, puisque Pierre Schaeffer avait déjà créé ses cinq études de bruits en 1948. Cependant c’est celle qui va faire découvrir au monde la musique concrète grâce à la mise en ballet qu’en fait Maurice Béjart en 1955. En effet, Béjart va d’abord jouer longuement son ballet à Paris puis sillonner le monde avec celui-ci, devenant un véritable ambassadeur de la musique concrète. La collaboration entre Béjart et Pierre Henry durera de longues années. Il est à noter que si Pierre Schaeffer est le théoricien de la musique concrète, Pierre Henry en est le père artistique.

Un album révolutionnaire : Switched-on Bach de Walter/Wendy Carlos

https://youtu.be/XupL0SlITL0

Il s’agit ici d’un de ces moments dans l’histoire de la musique où une œuvre va réellement tout bouleverser. Walter Carlos (il changera de sexe dans les années 70 et deviendra Wendy) est un musicien extrêmement doué, passionné de physique et d’électronique. Il rencontre un jour un ingénieur électronicien qui répare des thérémines : Robert Moog. Celui-ci travaille à l’amélioration d’un synthétiseur basique, il enrichit les sons, en invente de nouveaux, offre plus de paramètres, améliore chaque détail, transforme l’ergonomie (ses recherches aboutirons à des synthétiseurs mythiques, toujours utilisés comme le Moog 55 le Minimoog ou encore le Polymoog). L’idée de Carlos est de promouvoir ce nouvel instrument en enregistrant une œuvre classique. En 1968, il choisit d’interpréter des compositions de Jean-Sébastien Bach. Non seulement l’idée apparait totalement saugrenue à l’époque à cause de la distance entretenue par les musiciens « classiques » (pour qui on joue Bach avec les instruments d’époque) avec les musiciens « modernes » (pour qui Bach… c’est la musique du passé), mais l’enregistrement d’une telle œuvre avec cet instrument est un travail de titan ! En effet, les premiers Moog sont monodiques, il faut donc jouer et enregistrer chaque partie une par une puis travailler à leur superposition… avec les moyens de l’époque ! Grâce à son talent, Carlos rend toutes les nuances d’interprétation qu’exige la musique de l’immense compositeur et le succès est à la hauteur de son investissement. Glenn Gould (grand spécialiste du Cantor) lui-même, saluera l’interprétation du musicien comme l’une des meilleures qu’il ait jamais entendue.

Les conséquences de la sortie de cet album seront phénoménales et feront de l’électronique un outil majeur de la conception musicale. Carlos collaborera ensuite avec Stanley Kubrick pour ses films « Orange mécanique » et « The Shining ».

Kraftwerk : Radioactivity

https://youtu.be/jgNdIO63uiI

Kraftwerk est un groupe de musique allemand né en 1970 qui passe intégralement à l’electro en 1974. Son importance est décisive dans l’histoire de la musique électronique. Malgré un look et une scénographie plutôt… austère, il sera le groupe le plus « samplé » par le Hip-hop naissant juste après James Brown (notamment son titre « Trans-Europa express » utilisé dans « Planet Rock » d’Afrika Bambaataa). Son titre le plus connu est sans conteste « Radiactivity ».

Justice : Genesis

https://youtu.be/VKzWLUQizz8

Le groupe de musique électronique français Justice existe depuis 2003. Il est composé de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Sortie en 2007, l’album « Cross » est très en avance sur son temps. C’est sans doute l’un des plus grands du genre electro. Le premier titre en particulier va influencer bon nombre de producteurs musicaux.